Charles Aznavour
"Le Feutre Taupe"


Il portait un feutre taupé

Il parlait par onomatopées

Il buvait des cafés frappés

Avec des pailles

Il était très dégingandé

Il fumait des camels parfumées

Et marchait à pas combinés

Boul'vard Raspail



Il suivait des inconnues

Chaque soirs le long des rues

Pour leur dire l'air ingénu

Doubi, doubi, doubi, douba



Il portait un feutre taupé

Il parlait par onomatopées

Il buvait des cafés frappés

Avec des pailles



Il était très imprudent

Car il risquait de se faire écraser tout

L'temps

Il fuyait en s'excusant

Tandis que les gens disaient en s'éloignant



Il portait un feutre taupé

Il parlait par onomatopées

Il buvait des cafés frappés

Avec des pailles

Il était très dégingandé

Il fumait des camels parfumées

Et marchait à pas combinés

Boul'vard Raspail



Il suivait une inconnue

Lui parlait d'un air ému

En voici c'que j'ai retn'u

Doubi, doubi, doubi, douba,



Elle était très interessée

Se laissa très très vite inviter

A prendre un bon café frappé

Avec des pailles



Elle lui plaisait fortement

Quand elle parlait il n'osait plus faire un mouv'ment

Elle riait d'son étonn'ment

Mais se laissa coutiser car justement ...



Elle aimait son feutre taupé

Son parlé par onomatopées

Et aussi les cafés frappés

Avec des pailles.



Elle était blonde platinée

Elle était fortement parfumée

Et prenait un air détaché

Un air canaille



Quand il lui disait

Chérie, vous êtes vraiment la femme de ma vie

En ajoutant ces mots gentils

Doubi, doubi, doubi, douba.



Plus tard ils se sont mariés

Cela fit un ménag' de cinglés

Qui s'balade à pas combinés

Boul'vard Raspail



Il faut les voir dans un cfé

Sur le comptoir buvant frappés

Des cafés, des cafés frappés

Avec des pailles.